Une récente enquête révèle que les Français achètent en moyenne 42 vêtements neufs par an et par personne. Fast fashion, promos, influenceurs… tout nous pousse à accumuler. Mais cette boulimie textile a un coût écologique, humain — et personnel. Décryptage d’un modèle à bout de souffle, et pistes pour s’habiller sans surconsommer.
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Le Baromètre 2024 de ReFashion, l’éco -organisme de la Filière Textile, publié en juin dernier, nous met face à un chiffre marquant : chaque Français a acheté en moyenne 42 vêtements neufs en 2024, soit 5,6 kg de textile, et 4 paires de chaussures.
Quelques chiffres choc à retenir de cette enquête :
- 3,5 milliards de pièces neuves ont été vendues en France en 2024, c’est 100 millions de plus qu’en 2023 et cela représente 10 millions de pièces neuves vendues chaque jour.
- 71% des achats des Français ont été faits sur des produits d’entrée de gamme : et oui, ce sont les enseignes à bas coût qui tirent leur épingle du jeu !
- Si la seconde main progresse (1/3 des Français disent en avoir acheté en 2023), elle reste encore marginale face au volume de neuf écoulé chaque année. En 2024, elle ne représente en effet que 7% du volume total de textile et chaussure.
- Les jeunes de 18-24 ans achètent encore plus que la moyenne : 52 articles par an !
Ce que cette étude nous montre : la logique de consommation reste dominée par la recherche du “bon plan” et du plaisir immédiat.
Pourquoi achète-t-on autant de vêtements ?
La fast fashion, toujours plus rapide
Dans les années 1980, la mode proposait deux collections par an. Aujourd’hui, Zara renouvelle ses rayons toutes les deux semaines, et Shein propose des milliers de nouveaux modèles… par jour. Cette accélération permanente rend le vêtement jetable par défaut. Les tendances passent si vite qu’on a à peine le temps de porter un article avant qu’il paraisse “dépassé”.
Une qualité en chute libre, des prix trompeurs
Un t-shirt à 3 € est un non-sens économique. Pour atteindre un tel prix, il faut rogner sur tout : matières synthétiques bon marché, coutures fragiles, production délocalisée, salaire dérisoire des couturières. Ces vêtements s’abîment vite, ce qui pousse… à racheter. C’est le cercle vicieux du “cheap is expensive” : on croit faire des économies, mais on finit par dépenser plus.
Un marketing omniprésent
Influenceurs, publicités ciblées, newsletters, promos permanentes… Tout l’écosystème de la mode pousse à l’achat compulsif. L’achat devient une réponse automatique à l’ennui, à la frustration, ou à une envie passagère.
💬 “Je n’avais pas prévu d’acheter… mais à ce prix-là, je ne pouvais pas dire non.” Cette phrase, on l’a toutes et tous prononcée un jour. C’est la preuve que nos achats sont souvent dictés par l’émotion, pas par le besoin.
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Pourquoi cette surconsommation est un problème
Un coût écologique énorme
- L’industrie textile est responsable de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
- Un t-shirt en coton = 2 500 litres d’eau, soit l’équivalent de 70 douches.
- Les vêtements synthétiques (polyester, élasthanne…) rejettent des microplastiques à chaque lavage, qui finissent dans les océans.
- 70 % des vêtements sont fabriqués avec des matières fossiles (source : Changing Markets, 2021).
Le plus fou ? On porte seulement 30 % de notre garde-robe régulièrement. Le reste dort dans nos placards, ou est vite jeté.
Des montagnes de déchets invisibles
En France, moins de 30 % des textiles usagés sont collectés, et seuls 2 % sont réellement recyclés en nouveaux vêtements. Le reste finit incinéré ou exporté vers l’Afrique.
Au Ghana par exemple, le marché de Kantamanto croule sous nos “dons” : des tonnes de vêtements invendables y sont déversées chaque semaine, polluant les rivières et les sols.
Un désastre humain
Derrière les grandes enseignes de fast fashion, on trouve une main-d’œuvre invisible : femmes précaires, travail des enfants, salaires inférieurs au minimum vital, conditions de travail indignes.
Exemple emblématique : au Bangladesh, une ouvrière textile gagne en moyenne 85 € par mois, bien en-dessous du minimum vital estimé à 160 €.
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Comment changer notre rapport aux vêtements ?
1. Appliquer la méthode BISOU : le réflexe anti-impulsion
Avant d’acheter un vêtement, posez-vous 5 questions simples :
- Besoin : est-ce que j’en ai vraiment besoin ?
- Immédiat : est-ce que je peux attendre 24 h ou une semaine ?
- Semblable : n’ai-je pas déjà quelque chose de très proche ?
- Origine : où, comment, par qui a-t-il été fabriqué ?
- Utile : vais-je vraiment le porter souvent ?
👉 La méthode est à découvrir en détail ici : La méthode BISOU
Prenons un petit exemple pratique… Vous tombez sur une robe en solde à -50 %. Avant de valider le panier, vous réalisez que vous avez déjà deux robes similaires, que celle-ci est en polyester et fabriquée au Pakistan. Hop, BISOU vous évite un achat inutile.
2. Miser sur un dressing responsable et durable
Construire un dressing intelligent, c’est investir dans moins de pièces, mais mieux choisies :
- Des basiques intemporels : chemise blanche, jean brut, pull en laine, t-shirt uni…
- Des matières de qualité : coton bio, lin, laine, chanvre…
- Des marques engagées : Veja, Loom, Hopaal, Thinking Mu…
Et surtout : prendre soin de ses vêtements (laver à basse température, éviter le sèche-linge, recoudre, repriser…).
👉 Pour aller plus loin : Les 5 règles d’or d’un dressing responsable
3. Acheter d’occasion
La seconde main est en plein essor. Et pour cause : c’est moins cher, moins polluant, et vous pouvez trouver des vêtements en état neuf ou presque.
- Vinted, Label Emmaüs, Imparfaite, Once Again… le choix est immense : regardez dans notre comparatif des sites de vêtements d’occasion
- Les friperies locales, vide-dressings, ressourceries sont de véritables cavernes d’Ali Baba.
- Le troc entre amis ou via des applis (TrocVestiaire, Troc ta fringue) fonctionne aussi très bien.
👉 Nos conseils pratiques ici :Comment bien acheter sur Vinted
4. Louer ou emprunter au lieu d’acheter
Pour une robe de soirée, un costume, une grossesse, ou même juste pour tester un look : la location de vêtements est une alternative durable.
Quelques plateformes à découvrir :
- L’Habibliothèque, pour des pièces haut de gamme à louer
- Le Closet, pour un dressing en rotation permanente
- Tilli, pour faire ajuster ou transformer ses vêtements
👉 Lire aussi : Et si on louait plutôt que d’acheter ?
Moins cher encore… avant un achat pour une occasion spéciale, demandez autour de vous. Un prêt ou un troc suffit souvent !
En conclusion, acheter moins, c’est possible. C’est même une source de satisfaction : on allège son dressing, son esprit, et son empreinte carbone. Ce n’est pas une affaire de privation, mais de réalignement : consommer en fonction de ses besoins réels, pas de ses pulsions. Faire durer, réparer, échanger, louer… autant de gestes simples pour rendre la mode à nouveau joyeuse et responsable.
Alors, prêt·e à passer du dressing compulsif au dressing conscient ?
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